Par définition, l’innovation suppose de remettre en question l’ordre établi, le familier qui existe déjà. Pour innover, on doit sortir des a priori et des idées reçues. Cette démarche, subversive par essence, est infiniment vertueuse. Mais elle nécessite parfois un élément catalyseur, comme l’effondrement d’un système bancaire (crise de 2008), ou l’arrivée d’une catastrophe sanitaire sans précédent.
De la nécessité de suivre les nouveaux usages
Une fois de plus, une nouvelle crise est venue modifier notre rapport au monde et aux autres. Ce qui a eu un impact direct sur notre consommation, encore une fois.
La télémédecine et les services quotidiens (comme les services bancaires) ont connu un véritable essor en 2020. Confinements obligent, d’autres pratiques se sont développées, comme les apéro-zooms, ou les achats en ligne…
Dans les entreprises, on a troqué les traditionnels séminaires contre les webinars. Pour répondre à un boom des demandes, le secteur de la formation a dû se réinventer en un temps record. Selon Pierre Courbebaisse, président de la Fédération de la formation professionnelle (FFP), la demande en matière de formation en ligne a triplé, avec l’arrivée du premier confinement.
Du côté des managers, l’année 2020 s’est soldée par de nombreux défis. Parmi eux, le besoin d’apprendre à manager à distance, dans un contexte de télétravail généralisé.
Pour les recruteurs aussi, les enjeux ne sont plus tout à fait les mêmes qu’hier. Si les softs skills (ou “savoir-être”) des candidats étaient déjà importantes avant la crise, elles sont aujourd’hui particulièrement recherchées des entreprises. Autonomie, proactivité, forte capacité d’adaptation, autodiscipline… Toutes ces qualités sont absolument indispensables dans notre environnement de travail actuel.
Crise et perte de sens
On a souvent entendu parler de quête de sens, de “bullshit jobs” et d’essentiel, ces derniers mois. Car, en remettant en question le statu quo, la crise nous a donné à tous l’opportunité de questionner le sens de notre travail ou de notre quotidien, de notre consommation, de nos valeurs.
Un réflexe parfaitement normal en temps de crise, car c’est justement le propre d’une crise, comme de l’innovation : remettre en question l’existant, les contradictions d’une société, d’un modèle idéologique… Ce sont nos certitudes qu’une crise détruit, avant toute chose. Et c’est ce qui nous permet ensuite de repartir sur de nouvelles bases, d’être plus intelligents.
Crise du COVID-19 et innovation : des exemples multiples
On l’aura compris : face à une crise, l’innovation est nécessaire pour survivre. Dans le cas du Covid-19, cette idée aura été démontrée maintes fois.
Une innovation stratégique
Afin de s’adapter à la crise sanitaire, certaines entreprises ont décidé de diversifier leur offre, en se positionnant sur des produits devenus indispensables. C’est le cas du secteur du luxe, avec notamment Burberry et Louis Vuitton, qui vendent désormais des masques et visières de protection haut de gamme.
Une innovation managériale
Comment revenir sur 2020 sans évoquer l’essor (bien que forcé) du télétravail ? Avec la crise, les nouvelles pratiques managériales et RH se sont multipliées. En l’espace de quelques jours, de nombreuses organisations ont dû s’adapter et prendre en main de nouveaux outils, comme les ATS. Leur transformation numérique a connu une accélération certaine, ce qui leur a permis d’optimiser le travail collectif.
Au cours des mois, les entreprises se sont également vues gratifier d’une nouvelle mission, et notamment la profession RH. Celle-ci a dû rassurer les collaborateurs face aux incertitudes soulevées par la crise sanitaire. À ce sujet, certaines entreprises ont rivalisé d’ingéniosité.
Nespresso, par exemple, a mis en place une newsletter interne hebdomadaire, afin de partager avec ses collaborateurs les bonnes pratiques à adopter en matière de télétravail, de santé… L’entreprise a également mis en place une FAQ, afin de répondre aux interrogations des employés (chômage partiel, gestion des congés payés, impacts sur la rémunération variable…). Dans un autre style, Engie a profité du premier confinement pour mettre en place un dispositif de soutien scolaire aux enfants, destiné à soulager les parents.
À bien des égards, on peut donc associer covid-19 et innovation sans trop de risques.
Peut-on vraiment investir dans l’innovation en période de crise ?
C’est bien tout le problème. En période de crise, la priorité des entreprises reste de gérer l’urgence, de limiter les coûts… mais pas d’innover ! Seule une vision à long terme permet d’envisager l’innovation comme une priorité absolue, voire une urgence. Seulement voilà, dans un contexte agité, on ne peut pas toujours se permettre de voir aussi loin.
Pourtant, selon une étude McKinsey, les entreprises qui investissent davantage en période de crise augmentent leurs chances de réussite post-crise. Le vrai secret de réussite pourrait être de trouver un juste milieu entre investissement nécessaire et réduction des coûts.
En conclusion
En nous offrant l’opportunité de prendre du recul et de questionner l’existant, les crises nous permettent de nous réinventer. Face à un énorme problème inévitable, on peut analyser ce qui ne marchait pas dans notre ancien système, chercher des solutions, et nous dépasser.